C'est le
dernier jour aujourd'hui, pas de contraintes à l'arrivée si ce n'est
le train dans l'après midi (nous espérons revenir vers l'île rousse
mais on peut aussi passer la nuit à Vizzavona) ; donc grasse matinée
jusqu'à 5h30…pour une fois!
Nous
sommes maintenant bien rodés et la préparation ne demandera qu'une
heure ; et il n'y a pas trop d'attente aux réchauds à cette heure
matinale.
Quand nous
partons, des groupes de randonneurs sont déjà en marche, en colonne
sur le chemin. Nous ne sommes pas les premiers mais une bonne partie des
tentes sont encore en place.
Comme
chaque matin en quittant l'aire de bivouac j'enclenche le chrono de ma
montre altimètre qui mesure les dénivelées et la durée total de la
marche ainsi que le chrono du cardio-fréquencemètre que j'essaye d'arrêter
dès que l'on fait une pause prolongée (avec Philippe c'est rare !), de
cette façon sont mesurées la durée effective de marche et la durée
totale (avec les arrêts), données qui nous servent à faire le point
au retour.
La
remontée vers la crête quittée la veille est assez raide et la montée
continue ensuite sur le pinacle à un rythme qui restera constant
jusqu'au col. Je suis un peu fatigué, Philippe est toujours très réveillé
le matin et prend déjà quelques distances sur le reste de la colonne.
Le
sentier, est probablement
un chemin de muletier et nous grimpons en quasi-colonne avec plusieurs
groupes. Parfois c'est la course, j'en sens un qui me talonne, j'accélère
pour le principe, l'oeil rivé sur mon cardio-fréquencemètre et
j'essaye de maintenir le rythme que j'ai habituellement en footing, que
je sais pouvoir tenir longtemps…compétition gratuite !
Enfin
nous arrivons au col, c'était la dernière montée du GR pour nous et
la nostalgie commence à pointer son nez. Après avoir bien transpiré,
la pause est bien méritée.
Le club
des 5 partis avant nous, comme presque tous les matins, est là. On fait
des photos de groupe dans une bonne ambiance. Puis ils repartent. Nous
restons quelques temps à savourer nos derniers instants sur le GR20.
Les montagnes sont magnifiques tout autour.
Nous
discutons avec le couple de savoyards qui veut prendre une variante par
le Monte d'Oro (le topo dit qu'elle n'est pas balisée mais en fait elle
l'est). D'ici cela paraît assez raide. Il faut faire un peu d'escalade
je crois. Pour nous, il n'en est pas question car nous voulons arriver
à l'heure pour le train, et puis nous en avons finalement bien profité!
Nous
nous lançons dans la descente, Philippe toujours en tête, que j'arrive
à suivre plus ou moins bien car j'essaye en même temps de prendre des
photos.
Cette
descente est un peu pénible avec au menu des pierres ,des passages sur
des dalles puis des rochers. Les genoux souffrent sur cette longue
descente .
Philippe
file toujours devant et nous arrivons à une passerelle surplombant un
torrent et des vasques (encore!) qui sont partiellement à l'ombre à
cette heure mais pour peu de temps. Des randonneurs se sont arrêtés
mais il beaucoup trop tôt pour nous et nous préférons continuer
jusqu'à la cascade des anglais.
En
fait, après la passerelle, il y a beaucoup d'endroits pour se baigner.
Après avoir cherché une vasque dans une région indiquée sur la
carte, le GR se rapproche du torrent où de belles vasques apparaissent
à un endroit où le torrent a creusé de véritables gorges. Nous décidons
de nous arrêter, Philippe n'est pas très chaud mais j'insiste et me
lance dans la descente très abrupte, après le cirque de la solitude
nous ne craignons plus rien! Inexacte…car
le sac à dos me gêne dans mes mouvements et à peine engagé, je dois
remonter non sans difficultés d'ailleurs… Dans la vasque d'à côté,
le club des 5 a pris
possession des lieux. C'est une superbe vasque profonde et bleutée, un
véritable bassin creusé dans la gorge ; Alex nage au beau milieu, et
tout concorde à la bonne humeur générale.
Nicodème
nous invite à les rejoindre et je
craque assez facilement, me délestant de mon sac à dos et attaquant la
descente.
Ce n'est
pas sans danger mais ça passe. Je plonge dans l'eau qui est froide
comme à chaque fois.
Le lieu se
prête vraiment à la nage et non au barbotage comme jusqu'à présent.
Nicodème plonge de plus en plus haut en criant, Philippe prend des
photos, Clotilde descend également se baigner. Celaa fait un peu
colonie mais le souvenir restera dans nos cœurs comme un grand moment
de joie de et sympathie.
Après
la baignade je remonte rejoindre Philippe
et nous repartons rapidement récupérer
notre train.
C'était
en fait le dernier endroit tranquille et aussi beau pour se baigner.
Toutes les vasques, plus basses, vers
le lieu dit "cascade des anglais " - que l'on a jamais réellement
trouvé - sont moins belles et envahies par les promeneurs venant de
Vizzavona. Il y a même une buvette pour touristes que l'on s'efforcera
de ne même pas regarder en passant la passerelle.
Cette fin
de parcours se fait avec notre couple de savoyards jusqu'à Vizzavona.
Nous descendons à un bon rythme un peu pressé d'arriver quand même.
Sur le
trajet on croise beaucoup de promeneurs, des familles qui cherchent la
dite cascade des anglais que personne ne trouve d'ailleurs!
C'est la
forêt de Fontainebleau le dimanche, et la rivière ressemble à l'Aquaboulevard
! Ce n'est déjà plus le GR20!… Après la passerelle le GR passe par
une route forestière et c'est un autre monde, une espèce d'autoroute où
l'on croise des promeneurs anonymes avec des petits sacs… où est donc
passé le GR20 qui nous a tant fait aimer la rando ?
Nous
filons maintenant en groupe sur cette autoroute forestière, puis… le
bruit d'une voiture…les odeurs d'essence…la route goudronnée apparaît.
Nous le ressentons comme une véritable agression après 9 jours sans
voiture, ni le bruit ni les odeurs!
La vue des
maisons le long de la route est non moins dérangeante. Nous quittons
clairement un monde à part, tranquille que nous avions fait notre…
Ici c'est
au piéton de s'écarter pour laisser passer les voitures. Il y a du
vacarme et tous le monde trouve cela normal….Il faudra deux bonnes
heures pour se réveiller et retrouver nos repères et nos valeurs de
citadin!
Il faudra
beaucoup plus de temps pour accepter que ce que l'on vient de vivre ne
fasse plus partie que de nos souvenirs, et d'accepter que ce morceau de
vie ,par nature éphémère , et ne se répètera jamais. Tout cela peut
sembler banal mais comme il est cruel de voir se terminer un moment de
bonheur !
Arrivés
à la gare après quelques virages nous nous installons à la terrasse
du restaurant de la gare. Nous commandons deux bières corses et les
menus pour déjeuner. Les sacs à dos sont alignés par terre à l'extérieure,
cela ressemble un peu à une garnison en campagne.
Le club
des 5 débarque et nous nous groupons autour de la table: menus à 75FF
pour tout le monde (salade +charcuterie mixe, Côte de porc frites, gâteau
corse fromage+citron très
bon).
Nous
passons un moment agréable à évoquer le GR mais aussi à parler de ce
que chacun fait. Ils sont tous nés en 80, ce qui est un moment de déprime
pour nous…Puis tout le monde se sépare. Alex et Seb retrouve une
tante qui vient les chercher, Nico, Clotilde et Hadrien attendent le
train d'Ajaccio et nous prenons le train de 15h50 vers l'île rousse et
Calvi. Tout est complet à l'île rousse mais on tente quand même le
coup, ce sera le camping sans doute.
Puis
devant nos yeux défilent d'autres randonneurs venant nous saluer
spontanément tour à tour, puis s’évanouissent : Les deux gars
arrivés la veille, l'un nous aborde pour savoir si nous continuons…
puis à l'attente du train c'est un du groupe des centraliens portant un
T-shirt Altran qui nous
pose la même question. Eux s'arrêtent à Corte pour la journée et
reprendrons le surlendemain le GR20 sud….Toutes ces marques d'intérêts
nous touchent beaucoup et finalement c'est plein de regrets que nous
prenons ce train vers de nouvelles aventures…citadines cette fois.
Après
le tortillard pittoresque qui nous conduira à l'île Rousse où nous
attendent nos amis Philippe et Jean marc, nous coucherons dans des hôtels
de charme avec piscine ("la bergerie" à l'île Rousse), nous
dînerons dans une salle à manger rétro d'un vieil hôtel un peu défraîchi
(les roches rouges de Piana) nous plongeant dans un univers très
proustien.
La
rando est terminée, à nous la ville et ses plaisirs,
c'est bon aussi après tout !