Lever matinal encore ce
matin, nous démarrons sur les chapeaux de roues et nous prenons le
sentier un peu en contrebas sur la droite peu après l'aube. La fourrure
polaire est bien utile ce matin car le vent est vif et frais à cette
heure.
Nous attaquons la
crête tout de suite et le terrain rocheux n'est pas aussi facile que
nous le pensions. Dur pour les jambes dès le matin sans échauffement.
de petite escalade nécessitent de mettre les mains à certains passages
et nous ralentissent un peu. Nous suivons cette fois des marques jaunes
à la place du traditionnel rouge et blanc du GR, mais l'itinéraire est
bien balisé et c’est plutôt amusant
de changer un peu de l’ordinaire…
Ensuite la crête
se calme et il y aura peu de variation de dénivelée jusqu'à la fin.
Le sentier devient aussi plus visible et il apparaît mieux tracé
qu’au début.
Nous franchissons un
petit sommet à 2021 mètres tout en en rondeur puis à deux reprises
,toujours sur la crête il nous faudra déscalader pour atteindre un col
et re-escalader de l'autre côté (sans difficulté).
Tout au long de notre périple
nous ne rencontrerons personne, à un moment en me retournant j'aperçois
3 randonneurs aux jumelles loin derrière et c'est tout.
En tous cas, nous
avons bien fait de prendre cette variante et surtout à cette heure, car
elle est assez amusante et les vues sur les montagnes teintées de différents
gris au lever du soleil sont admirables.
Le GR redescend
ensuite sur une large pente facile, genre montagne à vaches, en
direction d'un vallon, de l'autre côté on aperçoit dans le creux d'un
beau petit cirque, le refuge de l'Onda.
Nous trouverons quand même
le moyen de nous tromper et de quitter le GR pendant un petit
moment…c’est que la perspective est trompeuse comme toujours en
montagne et il faudra encore passer une épaule que nous n'avions pas
vue avant d'arriver bien au-dessus du refuge. Celui-ci est en fait
composé de deux bâtiments ; le refuge est en hauteur pas loin de
là où nous nous trouvons et le bâtiment que l'on aperçoit en bas est
la maison du gardien où il est possible de se ravitailler.
Près de cette maison un
grand espace clôturé (pour se prémunir des cochons sauvages qui
pullulent dans la région) délimite le lieu du bivouac.
Il est 9h30 et il n'y a
encore personne ! Nous sommes les premiers car la plupart des gens
ont pris l'itinéraire principal, un peu plus long et ne sont pas encore
arrivés.
En fait l'étape n'a pas
été fatigante et, étant donnée l'heure encore matinale, il serait
tout à fait possible d'enchaîner la dernière étape jusqu'à
Vizzavona. Mais on sait déjà que l'on n'a plus assez de temps pour
attaquer le GR sud et la perspective du retour vers la civilisation nous
angoisse plutôt. Ce sera la fin du voyage, la fin d'une petite aventure
et le retour vers la foule qui peuple le bord de mer à cette époque.
Alors plutôt faire durer le plaisir!
La gardienne s'affaire
près de deux lavabos placés contre un mûr. Difficile de se décider
sur l'emplacement du bivouac car d'ombre point… La gardienne nous dit
que les aulnes sont pleins de punaises!.. Et le soleil ne disparaît que
vers 18h !
Après examen du
sol nous plaçons la tente dans un coin près du seul arbre de l'enclos.
Le sol n'est réellement plat nulle part mais là ça va très bien.
Puis je profite de l'absence des autres randonneurs pour me raser
tranquillement à l'aide d'un petit miroir posé sur le robinet, il
n'aura servi qu'à cette étape !
Philippe discute
un peu avec un autre randonneur solitaire qui vient d'arriver et qui est
assez négatif sur tout …La gardienne nous indique un endroit de
baignade en montant un peu vers le cirque le long du torrent qui passe
non loin mais nous avions décider de faire route vers la bergerie de
Tolla. Le gardien essaie lui aussi de nous retenir aimablement en nous
disant qu'il vend lui aussi de la charcuterie donc inutile de descendre
mais nous restons décidés….
Prenant le GR20 à
rebrousse poil, nous traversons des bois et forêts avec de belles fougères
en sous bois. 5 minutes après notre départ du refuge, nous croisons
les premiers randonneurs
qui sont devenus nos compagnons de route depuis le départ, certains étonnés
de nous voir redescendre sans nos sacs (juste nos gourdes et le dessus
de mon sac à dos amovible: muni de 2 sangles, il peut me servir de
petit sac) nous demandent le temps restant avant d'atteindre le refuge où
nous les rassurons et discutons un peu puis continuons …
Le GR20 descend bien
puis se transforme en route forestière où des 4X4 sont garés. C'est
de là que des mulets prennent le chargement pour ravitailler le refuge.
Après le GR aboutit à une passerelle sur le torrent d'où apparaissent
des vasques d'eau bleutée déjà adoptées par quelques randonneurs.
Nous poursuivons en remontant entre des arbustes jusqu'à la bergerie de
Tolla.
Elle ne paye pas
de mine, bien qu'elle soit authentique. Passé la porte grillagée, la
cour de la ferme abrite des animaux de basse-cour dont des oies et un
coq. Elle comporte deux bâtiments où l'un sert de remise pour le
ravitaillement et où l’autre abrite la cuisine.
Sur un des côtés de la
cour une longue table abritée du soleil, accueille les randonneurs
affamés. Un groupe que nous connaissons bien (l'un d'entre eux assez
rigolo travaille à la SNCF, deux autres sont de chalon/sâone) est
installé et le déjeuner sera très sympa. Nous commandons Deux
omelettes au Brochiu et menthe… délicieuses …trois arriverons! Tant
pis on mange la dernière aussi !… Nous terminons par un brochiu à
l'eau de vie comme dessert. Nous sommes repus !
La tenancière des
lieux semble un peu débordée avec tout ce monde mais contrôle bien la
situation. De temps en temps elle fait un appel général à ceux qui
veulent du ravitaillement et les intéressés la suivent dans la remise
en tout bien tout honneur.
Au total l'arrêt
aura coûté cher (270FF de charcuterie en tout genre:Coppa, saucisse de
foie, saucisson de porc, part de tome corse, pain + les deux repas )
Nous repartons toujours à rebrousse poil,
les vasques étant, paraît
il, à 30 minutes. La dénivelée n'est pas importante et j’essaye de
faire le point à l'aide de l'altimètre et de la carte IGN où des
vasques sont clairement indiquées. Le GR traverse une belle forêt puis
monte un peu jusqu'aux vasques non loin d'une petite cascade et d'une
seconde passerelle en bois.
Différentes vasques se déversent
les une dans les autres au milieu de larges dalles ce qui forme une
vraie plage! Il y a beaucoup de monde cependant : des promeneurs,
familles et un groupe de jeunes ados, adeptes de canyonning, que l'on
avait vu passer près de la bergerie derrière leur moniteur.
L'endroit est donc sympa bien qu’il y ait
un peu trop de monde à notre goût, nous trouverons un peu au dessusune
dalle inoccupée et une vasque profonde de quoi barboter 5 minutes.
Puis les ombres s'étendent
rapidement et le froid commence à se faire sentir. Nous décidons alors
de repartir vers 16h, car étant loin du refuge, il nous faudra bien
1h30/2H pour rentrer par le même chemin et cette fois cion monte !
Arrivés au refuge, quel contraste
avec le matin ! Tout le monde est là et une myriade de tentes
multicolores est apparue dans l'enclos avec le cirque entoile de
fond…ces randonneurs sont tous de vieilles connaissances maintenant.
Philippe
peste : trop de monde aux douches!. Moi je vais m'en tenir aubain
dans les vasques…
Pas de nouvelles encore du club des
5, On ne les aura pas vu de toute la journée. Peut être ont ils
continué et doublé l'étape…improbable cependant. Telle est la loi
du GR20, on rencontre des gens sympas avec lesquels on partage quelque
chose puis on ne se revoit pas, on rencontre de nouveau d'autres gens de
façon éphémère mais sincère et puis plus rien…Après tout on n'a
plus de nouvelles des deux gars d'Auxerre perdu de vue depuis la deuxième
étape…alors….on cherche un peu cependant, Philippe reconnaît leur
tentes. En fait 'ils sont partis par les crêtes comme nous mais
beaucoup plus tard ("cool aujourd'hui") puis n'ont pas eu
envie de redescendre dans la vallée. Nous les voyons revenir
tardivement vers leurs tentes. Nous choisissons de ne pas les importuner
quoique Philippe échange quand même quelques mots.
Pour économiser le gaz ,on se servira des
réchauds communautaires ce soir …Je vais faire chauffer l'eau pendant
que Philippe prépare les lyophilisés (aujourd'hui soupe et pâtes
super !).
Des mulets arrivent avec le ravitaillement.
Aussitôt déchargés, une file d'attente va se former, en quête de
pain probablement. Puis un peu plus tard ce sont des chevaux qui
approchent des bivouacs, que le gardien efficace repousse en criant avec
fermeté.
Puis le jour tombe sur le cirque et c'est
la course aux tentes pour mettre pantalons et polaires ,la température
chutant brutalement.
Un des gardiens, un bon corse du
pays, commence à passer de tente en tente pour nous taxer de 20fr par
personne comme dans tous les bivouacs. Philippe, toujours très honnête
me pousse à aller à sa rencontre pour m'acquitter du prix du bivouac.
Je traîne un peu et décide de rester au chaud dans la tente en me
disant qu'il n'a qu'à venir ! Puis un sursaut de bonne conscience
me fait rouvrir la tente et appeler le gardien quand j'entends sa voix. Nous
nous endormons rapidement avec des images plein la tête…. La nuit
sera agitée par le souffle duvent fort et nous dormirons en pointillés
cette nuit là.