Ne sachant pas
combien il nous faudrait de temps pour plier la tente et nous préparer
et tenant compte de l’expérience de la veille (où même en partant tôt
et en ne se faisant jamais doubler, une dizaine de personnes était déjà
arrivée au refuge, avant nous), nous décidons de nous lever vers 4h30.
Il faut dire que beaucoup de monde est arrivé la veille au cours de la
journée et que le campement est maintenant bien occupé. Nous partirons
à 6h07 très exactement, juste un peu après les premiers rayons de
l’aurore.
Après avoir
tout rangé à la lampe frontale qui s’est révélée très utile
voire indispensable dans cetexercice périlleux, nous prenons notre
petit déjeuner (ration de muesli +lait en poudre + nescafé à part)
sur une table aménagée près du refuge et assistons à notre premier
lever de soleil sur la montagne Corse ! L’aurore arrive vite dans
des nuances de bleu foncé, d’or et d’orange vieillie… et la
vitesse à laquelle le soleil se lève est très surprenante pour des
citadins couche tard (et donc pas très matinaux) comme nous
habituellement !
Déjà des
randonneurs sont en piste et partis. Avec la montée du jour rapide qui
nous presse, il est temps d’y aller ! Les gourdes remplies et les poubelles jetées
juste à côté… nous voilà à nouveau sur le GR !
Nous repassons
devant la source qui se trouve sur le chemin, puis la montée assez rude
commence à travers bois. Plutôt en forme, je ne sens pas le poids de
mon sac mais la mise en route de la machine est difficile si tôt le
matin et les premiers pas me sont pénibles, ce qui n’est visiblement
pas le cas de Philippe qui est déjà partis en tête avec 10 mètres
d’avance ; vingt minutes plus tard, pour les jambes il n’y
parait plus rien et le rythme est bien cadencé.
Nous traversons
un cours d’eau où nous avons un moment d’hésitation sur la
direction à prendre puis la montée continue régulière et pas trop pénible
cette fois. Cette côte qui va vers le premier petit col
d’aujourd’hui, comporte un pierrier assez facile et ombragé à
cette heure de la journée. On croise pour la première fois un couple
de savoyards qui à la différence de nous ont choisi de faire le GR20
en chaussures légères pour plus de confort (genre tennis améliorées
avec renfort et tout et tout ) ; visiblement c’est très faisable
mais il faut savoir poser le pied et ces deux là sont des pros et
savent prendre le risque mais avouent qu’ils se tordent un peu la
cheville de temps en temps …. Pour nous les Meindls sont juste ce
qu’il fallait.
A mi-pente un
groupe est arrêté, dont nos deux assoiffés de la veille très
sympathiques partis encore plus tôt que nous dans la nuit en se guidant
à la frontale : mais après discussion il s’avère que le gain
de temps n’est pas évident car il est difficile de se repérer et les
marques du GR dans la nuit ne sont pas facile à trouver tout ça en surveillant en même temps ses pas. Toutefois si l’on
compte s’arrêter souvent mieux vaut partir très tôt…
L’endroit est
agréable avec un petit vent rafraîchissant et d’ailleurs une source
est indiquée non loin à quelques dizaines de mètres
en transversal du GR à gauche. Une aubaine pour ceux qui n’ont pris
qu’une gourde, comme nos ex-assoiffés qui du coup vont bien mieux
aujourd’hui.
En haut du col
nous arrivons au bord d’un cirque fabuleux avec des montagnes
magnifiques, la vue plongeante sur ce relief très déchiquetée dans
des tons gris bleutés à cette heure est peut-être le plus beau
panorama du GR20 qui rappellent les sommets des alpes avec la douceur
des Pyrénées. Personnellement je la préfère au cirque de la solitude
qui est pourtant le lieu culte du GR20.
Mais nous ne
sommes pas encore au sommet, nous nous faisons rattraper par le club des
cinq (sans le chien !) que nous avions croisé la veille... Ils ne
s’arrêtent même pas et continuent leur progression sans doute ne
veulent-ils pas perdre leur souffle. Philippe, toujours en tête, suit,
galope et s’envole derrière eux.je suis déjà en retard juste le
temps de prendre quelques photos et d’échanger quelques mots avec un
jeune gars faisant une pause au sujet de mon appareil photo Minox très
petit et performant qu’il semblait connaître mais n’est certes pas
récent me fait-il remarquer…
Je rejoins Philippe en compagnie du « club des cinq ». Nous
faisons une pose biscuit /abricot sec sur des rochers en face du beau
paysage de crêtes en enfilades et échangeons nos premiers mots
d’appréciation. Nous les laissons sur le sommet pour une pause déjeuner
et repartons de plus bel ; Philippe toujours en tête.
Là commence un
chemin de crête montant et descendant alternativement avec de petites
escalades entre deux pinacles faciles. Parfois le chemin qui semble être
creusé dans des blocs de rochers est très étroit. Cette partie de
l’itinéraire est finalement ludique et
très agréable.
Puis après
avoir franchi une brèche nous passons sur l’autre versant et de là
commence une grande descente dans un pierrier, quand même un peu longue
et éprouvante pour les genoux et les pieds.
Comme la veille on aperçoit le refuge qui n’en finit plus
d’approcher voire de reculer etde disparaître…en plein soleil même
si ce n’est pas l’heure la plus chaude ça devient vraiment éprouvant.
Nous
sommes tout seul dans cette descente à part un super marcheur, genre
gros boeuf , qui me talonne exprès du style appel de phare sur l’autoroute et que je laisse
finalement passer tenant à mes genoux plus qu’à la première place !
Et pas du tout à sa compagnie… on ne le reverra plus par la suite,
soit qu’il n’ait plus de genoux soit qu’il ait doublé l’étape,
chose assez improbable mais sait-on jamais.
Le refuge
est placé dans le creux d’une vallée boisée où coule un torrent.
Le cadre est vraiment très agréable , le paradis sans les pommes !
En arrivant au refuge, des tentes sont déjà installées mais le refuge
est quasi vide, il a l’air pas mal mais nous préférons une nouvelle
fois bivouaquer. Il faut rentabiliser la tente et les nuits temps sont
douces.
Nous trouvons
un endroit dans une partie boisée calme et à l’ombre en étant
suffisamment à l’écart du passage pour plus de calme.
Nous trouvons
un emplacement plat avec peu de cailloux pour planter les piquets.
C’est plus facile et moins douloureux, pas encore le quatre étoiles
mais on dormira bien.
Nous trouvons
un emplacement assez idéal avec même un coin repas improvisé sur des
pierres plates (superposées faisant office de tablette et bancs) par un
de nos prédécesseurs sans doute. Il y a quand même quelques pierres
mal placées (c’est lamontagne ! ) maison se débrouille…. Je
m’occupe de laver le linge rapidement pour éviter la cohue qui ne
manquera pas d’arriver. Près de l’unique
robinet d’eau potable à 10 mètres au-dessus du refuge ;
on y lave tout, la vaisselle, le linge, les dents…un genre de bassine
en plastique posée dur le sol non loin de là nous sera bien utile et
pour de multiple-usages. « Il n’est pas facile de laver le linge
avec un savon de Marseille et surtout de le rincer correctement mais on
s’en sort quand même…et puis les vêtements hyper légers que
j’ai acheté sèchent vite, bien vu !
Après un
déjeuner léger (nous testons les galettes de riz de Knorr avec trop
d’eau –plutôt une bouillie de Knorr donc - mais c’est bon) nous
passons à la douche : impératif d’emmener un bouquin car
l’attente peut être longue, presque une heure…
La douche aménagée
entre des rochers largement espacés est en fait un simple tuyau
suspendu qui récupère l’eau de la rivière, âme frileuse
prendre du courage car elle est vraiment glaciale. Dans un décor de
caillebotis, ,par ailleurs très glissant, il faut quelques contorsions
acrobatiques pour se doucher en entier sans glisser. C’est froid mais
finalement comme la veille on s’y fait. On se demande pourquoi ils
n’installent pas plusieurs douches aussi sommaires en batterie pour éviter
les attentes ou au moins réparer celle qui existe…mais les voix du
travail son impénétrable !
Après
cet exercice nous décidons de partir à la recherche de vasques indiquées
dans le guide, où il est possible de se baigner en contrebas du refuge.
Il faut marcher dix bonnes minutes, rejoindre et dépasser la fameuse
passerelle de Spasimata pour trouver ces vasques. Quand nous arrivons
nous croisons un groupe d’ados en colonie qui en reviennent et nous
indiquent que les vasques sont maintenant à l’ombre ! Dommage
pour la baignade mais la balade était tout de même agréable…
Nous testons
pour la première fois la passerelle suspendue au dessus du torrent (on
peut aussi passer à gué par temps sec comme viennent de le faire les
ados mais par temps humide cela est extrêmement dangereux). Elle
n’est pas très longue, toute métallique et de fabrication très récente.
On a donc une entière confiance, il ne faut pas avoir le vertige car
arrivé en plein milieu on aperçoit le vide à travers les traverses métalliques
et l’ensemble oscillant sous l’effet des pas force l’émotion
ou tout au moins à s’interroger une fraction de seconde sur la
solidité réelle du dispositif. C’est bon, on joue presque lesIndiana
Jones !
De retour au refuge nous nous installons sur la terrasse face à un beau
paysage qui s’étend en contre bas du refuge dans un décors de bois
et de vallées au loin. On peut commander des consommations sur place
pour prendre du bon temps ; nous discutons de l’étape avec
quelques randonneurs. C’est là que nous rencontrâmes
les deux « warriors » du GR dont l’un avait emporté
10 boîtes de lapins chasseur et avait un sac de 27 kg…les clowns du
GR, un peu lourds mais sympas !