Etape 3

GR20

Nord

 

Heures/durées

Heure Lever:

Heure départ:

Heure Arrivée

durée totale:

durée marche

 

5h

6h19

10h40

4h21

3h50

 

 

 

 

 

 

Dénivelées

 Montées :

 Descentes :

 

 

 

 

880

-695

 

 

 

Malgré l’heure matinale, le lever n’est pas trop pénible : le métier rentre !Le rangement et la mise en route se font maintenant avec méthode et assurance. D’abord il faut préparer les pieds (crème, Elastoplaste, seconde peau pour les ampoules et autre petit bobos…) puis s’habiller, ranger l’intérieur de la tente, la plier et préparer le petit déjeuner…le tout à la frontale, car il fait nuit à 5h ! Vraiment sympa l’ambiance dans ces moments, car peu sont debout et sur le pied de guerre.

En quittant le campement, les Auxerrois dormaient encore, peut-être avaient-ils décidé d’une bonne grasse matinée jusqu’à 6h30, le temps de retrouver des forces pour la prochaine marche.

Il y a encore beaucoup de monde, comme la veille au soir, au campement (encore pas levés )et nous sommes dans les premiers à partir. Aussi, nous avons réservé notre premier hôtel à l’arrivée d’Asco (et oui la vie version Rambo c’est bien beau, mais la vie de château est aussi plus reposant… nous ne sommes pas encore dans les commandos), donc pas de recherche d’emplacement de tente pour ce soir…non ce qui motive notre départ matinal c’est de moins souffrir de la chaleur et aussi d’éviter de rencontrer trop de monde sur le trajet.

Et puis il faut continuer sur notre lancée pour garder le rythme des matins calmes…. Mais pour dire la vérité je me sens tout de même pas encore complètement réveillé, contrairement à Philippe qui a un tempérament plus matinal et martial.

 Dix minutes après le départ, nous approchons comme lors de notre repérage de la veille de la passerelle de Spasimata. Le chemin devient très étroit avant la passerelle et pour prévenir tout risque de chute malencontreuse, une main courante a été aménagée. Mieux vaut faire attention car la chute pourrait être vraiment rigolote et ne pardonnera pas….

Au moment de grimper sur un rocher ma gourde, que je porte à la ceinture, s’échappe de son fourreau et dégringole dans le ravin en direction du  torrent. Ça commence bien !

Finalement, je réussis à la rechercher un peu en contrebas mais elle est toute bosselée et ne sera plus étanche …

 Arrivé à la passerelle, Philippe se lance comme sur un vulgaire pont et je m’engage sûr de moi après qu’il ait traversé. C’est presque une routine après notre escapade de la veille mais cela garde toujours un côté amusant jusqu’au moment où en plein milieu, je suis stoppé brutalement : un cordon du sac de protection de mon matelas mousse s’est accroché à l’un des câbles arrêtant nette ma course ! Je suis coincé !

L’impression de  routine se brise nette, il faut que je recule sans me retourner pour méticuleusement décrocher mon sac en plein milieu du pont qui frémit et ne demande qu’à se balancer et le vide sous les pieds qui attend la gueule ouverte…, une émotion soudaine apparaît qui  rend plus humble mais reste contrôlée, les sens s’aiguisent et l’attention que l’on porte à chaque geste qui se doit d’être précis fait se dégager comme un parfum d’aventure… et hop : opération réussi j’arrive rapidement de l’autre côté et Indiana Jones peut aller se rhabiller !…

Cela fait deux incidents en 10 minutes, cette étape commence décidément mal ! Va falloir surveiller ça !

 Après nos émotions et la passerelle passées, le GR regrimpe de façon assez raide en direction des gorges et nous passons plusieurs séries de dalles le long du torrent. La pente est forte et les dalles très larges ; Philippe monte vite comme à son habitude, l’effort est difficile car nous ne sommes pas encore chaud. Nous rattrapons un groupe en compagnie duquel nous allons passer quelques obstacles. Mais attention, les dalles sont parfois très pentues et glissantes sous la pluie ! Mais aujourd’hui le temps est idéalement sec et l’on est surpris que le pied adhère aussi bien… ce  n’est pas plus mal, car la descente en cas de chute et particulièrement dangereuse. Par endroit, les dalles sont légèrement en pente vers le lit du torrent plusieurs mètres plus bas. Un câble servant de main-courante permet de passer sans difficulté.

Finalement, bien que la montée eut été un peu rude ce matin, le parcours jusqu’au col est assez plaisant ; une belle vue sur la vallée encaissée s’ouvre à nous de toute part et derrière nous  les montagnes granitiques baignées dans la lumière matinale ont de somptueuses couleurs . Cela donne du baume au cœur pour la suite et une sensation de liberté nous envahie à mesure que nous avançons .

 Comme la veille nous arrivons au bord d’un cirque de montagne ou se dessinent des crêtes et des aplombs. Les montagnes sont belles dans des couleurs  grises,  vertes et  bleues.

Un petit vent frais nous fait mettre les polaires et nous faisons un petit stop récupération car la montée a été difficile. Deux ou trois barres de céréales pour reprendre la route. En haut du col mal aisé à trouver, le chemin fait mine de redescendre dans la vallée pour reprendre sur l’autre versant vers un autre col à la sortie du cirque. Un peu d’escalade facile, pimente le parcours entre les deux passages.

 Arrivée au second col, il y a pas mal de monde qui attend pour profiter du soleil. Nous retrouvons d’ailleurs comme chaque jour le « club des 5 » qui s’apprête à repartir, ça devient une habitude ! C’est le moment de reprendre quelques barres de pain d’épices énergétiques et abricots secs (régime monotone je sais mais on s'y fait !)

La vue est plongeante sur la station d’ASCO où l’on distingue nettement la route, les voitures et quelques maisons. C’est assez abrupt et le topo guide nous prévient que la descente sera raide. Il y a en effet quelques passages étroits où il faut se glisser au début mais rien à  voir avec le pierrier de la veille, la descente est plutôt sympa et la progression est régulière. Au milieu de la descente on croise des groupes moins chargés qui doivent faire une promenade pour la journée, nous qui pensions que le GR était pour les pros. Nous finissons par doubler le club des 5 partis un peu avant, puis le GR nous conduit dans un petit bois formé de très beaux arbres, des pins, qui donnent un peu de couleur et de variété au paysage dénudé des sommets. Cette fin de descente en sous bois ombragé est agréable face à un beau panorama.

 Nous débouchons enfin sur un chemin qui longe quelques bâtiments sur pilotis vers la station et nous traversons la piste de ski vers l’hôtel-gîte « Le chalet » bien indiqué qui ne paye pas de mine, d’ailleurs d’allure plutôt triste.

 Personne en bas, il faut s’adresser au bar où une dame d’un certain âge n’est guère aimable. L’accueil n’est pas chaleureux mais la chambre que j’avais réservé depuis Paris n’est pas mal, voire plutôt bien (240FF par personne avec un repas et un petit déjeuner, c’est pas « budget » mais correct après tout  nous somme en vacances !).

Après 2 nuits sous la tente avec en guise desommier la terre et les cailloux, nous retrouvons avec plaisir un vrai lit de plumes et de ressort.

Pendant qu’on se met à l’aise je vois passer le club des 5 par la fenêtre ouverte. Ils coucheront sous la tente ce soir  ( il faut dire qu’ils sont presque tous scout ) ; Nous n’échangeons à peine quelques regards, un peu gênés de nous montrer en plein confort. Nous ne les connaissons pas et pourtant j’éprouve un  sentiment de malaise comme une impression diffuse de trahison envers eux, peut être aussi vis à vis d'un certain esprit "rando".

 Je profite de cette halte à Asco pour récupérer un rasoir au refuge, la gardienne très aimable et serviable (elle !) n’en vend pas mais se débrouille pour m’en trouver un jetable et me le donne. Comme quoi, les corses peuvent être extrêmement serviables quand on a besoin d’eux. De retour à l’hôtel nous devons par contre négocier un bout de savon auprès de la patronne…scandaleux! Bref il faut prendre sur soit quelques fois.

J’ai voulu téléphoner mais Asco est désespérément boudé par Itineris/Orange et les autres d’ailleurs…

 Nous déjeunons au restaurant de l’hôtel , le menu du jour à 95FF nous va tout à fait. C’est copieux et bon. Le jeune serveur d’origine asiatique mais parlant avec un authentique accent corse est surprenant et  très efficace.

 Après le repas nous remontons vers le refuge où l’on peut trouver du ravitaillement sommaire mais pas de pharmacie et  plus de cartouches de gaz ( vraiment il faut penser à prendre ces trucs là car c’est pas l’industrie locale).

Nous achetons un paquet de pâtes qui ne servira à rien (sauf à faire du poids sur mes épaules), de la coppa et des saucissons.

Nous décidons ensuite de marcher le long des pistes de ski où nous croisons deux gars à la recherche de vasques pour se baigner un peu le sport entre deux marches. Ils font parti d’une colonie de vacances France Telecom qui fait le même parcours que nous, certains sont en tennis (ce sont ceux rencontrés déjà la veille au pont de Spasimata)….il faut avoir la foi !

 Etant en tongues et sandales il est hors de question pour nous de chercher ces vasques au hasard dans la montagne, nous décidons donc de retourner à l’Hôtel demander à la direction. "Il y a des vasques en contrebas", nous explique la patronne: "il faut prendre la route et la quitter après le deuxième virage en direction du torrent". Il y a là effectivement plusieurs endroits pour se baigner ou flâner sur un rocher. Ce que nous faisons sans modération, nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls. Nous apprendrons le soir en rentrant qu’il y avait d’autres vasques à la hauteur de l’hôtel en allant en direction du torrent à altitude quasi constante et plus proches.

 En fin d’après midi quand le soleil descend lui aussi de la montagne, nous profitons un peu de la terrasse de l’hôtel. Le mont Cinto est en face. J’avais un moment pensé en faire l’ascension mais d’un commun accord avec Philippe nous avions préféré nous reposer les pieds qui tous les jours sont soumis à rude épreuve et sans pansement ! Nous nous en sortons plutôt bien : de mon côté une minuscule ampoule apparue à la fin de l’étape 2, peut être une chaussure mal serrée…depuis, je les resserre une ou deux fois pendant chaque étape pour bien maintenir le talon…sage précaution car je n’en aurais pas d’autre ennui jusqu’à la fin. Philippe a été moins chanceux mais ces chaussures étaient plus récentes et pas complètement faites.

 Le soir, une fois le soleil disparu, un froid subit nous pousse vers l'intérieur de l’hôtel. Encore gorgé de soleil, nous dînons vers 19h30 en compagnies de deux filles qui font le GR20 dans l’autre sens..

Nous les questionnons frénétiquement sur le cirque de la solitude que nous devons passer le lendemain et aussi sur le GR 20 Sud. L’une d’elles nous assure que le cirque se passe sans difficulté et qu’il est absolument magnifique. Vivement demain pour voir ça !

 Avant de se coucher nous allons au bar chercher un plateau petit déjeuner avec du café en bouteille thermos, la leçon du départ aura porté ses fruits et nous prenons les devants. Et c’est une très bonne idée de l'hôtel pour ceux qui démarrent tôt (car eux non  ! ).

 

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