Etape 4

GR20

Nord

 

Heures/durées

Heure Lever:

Heure départ:

Heure Arrivée

durée totale:

durée marche

 

5H30

6h23

13h20

6h59

6h01

 

 

 

 

 

 

Dénivelées

 Montées :

 Descentes :

 

 

 

 

1040

-1040

 

 

 

Aujourd’hui grasse matinée jusqu’à 5h 30 ! Notre nuit à l’hôtel nous dispense aujourd'hui d'une bonne partie des préparatifs habituels. Pas de tente à plier et nos sacs sont quasiment prêts. Nous nous payons même le luxe d’une douche chaude avant de partir.

 Quand nous ouvrons la fenêtre au réveil, la nuit est encore noire et paisible mais comme chaque jour,  en un rien de temps au cours du petit déjeuner l’aube surgit et nous presse de partir. Déjà les ombres de randonneurs silencieux passent sous nos fenêtres et s'évanouissent dans la montagne…Vite :il n’y aura pas d’hôtel à l’arrivée et mieux vaut profiter de la fraîcheur du matin au soleil levant. .

 J’ai pourtant eu du mal à dormir, ayant trop mangé la veille au soir et ce cirque mythique  m’inquiète un peu: serait-il raide comme les gorges du Verdon? Doit-on se jeter dans le vide et tenir à bout de bras une chaîne ? Je n’ai pas le vertige d’ordinaire mais ce serait trop bête de risquer un accident… car, je me souviens du récit de deux copains qui avait passé le cirque dont l’un avait failli tout lâcher trop fatigué ou trop stressé… et puis d’autres qui l’on passé sans visibilité et ont été effrayés quand ils se sont rendu compte du chemin parcouru lors d’une éclairci… Et pourtant d’autres témoignages sur Internet qui le décrive comme tout juste un parcours de santé, voire pour certains cela a été une déception tant ils s'attendaient à des émotions plus fortes …

Toujours est-il que le discours des filles de la veille n’a pas complètement réussi à me rassurer ; elles ont vue une des chaînes cassée et pendre dans le vide mais ont ajouté qu’elle n'était pas utile….Qui croire alors ?! Verdict dans 2 heures.

 La montée matinale vers le col est facile et demande un effort régulier. Quelques rochers sur la fin mais dans l’ensemble le terrain n’est pas hostile. On longe la remontée mécanique et à mi-parcours la fraîcheur nous impose d'enfiler les fourrures polaires et les coupes-vents.

 Bientôt nous approchons de l’entrée du cirque et nous voyons des gens redescendre en sens inverse…Ont-ils été trop effrayés par un gigantesque gouffre qui s’ouvrent peut-être en haut du col ?…Je cherche la réponse déjà à distance dans la démarche de ces randonneurs., sont-ils en train d'essayer de maîtriser une panique récente?

Plus près maintenant je scrute silencieusement les visages et sans échange de paroles ces visages paisibles me donnent leur réponse et déjà le calme m'envahit.

Le cirque apparaît d’un seul coup, il est beau et vertigineux mais encore à l’ombre. Nos impressions sont toutefois peut-être moins fortes que lors de la vue du premier cirque de l’étape 2. Mais c’est quand même quelque chose!

 Je jète un coup d’œil sur le passage qui dégringole abrupt vers la droite et ensuite serpente jusqu’au fond du cirque, pour prendre un peu la mesure des difficultés tant décriées. Une file d’attente de randonneurs à l’arrêt, certains pas vraiment rassurés,  s’agrippent à une chaîne qui courre le long du passage (un peu plus d'une dizaine de personnes environ) ; sans doute parce que certains ont des difficultés à passer quelque passage plus délicat. En fait le GR descend en zigzag sur des dalles en pentes où les chaussures adhèrent sans problème par temps sec ; de plus la chaîne, solidement vissée sur une bonne partie de la descente, constitue une main courante efficace dans tous les passages un peu délicats ou simplement sert à rassurer. Le dispositif semble d'ailleurs avoir été rénové récemment ce qui renforce notre sentiment de sécurité.

  Paradoxalement, instantanément toute appréhension disparaît et nous sommes très excités à l'idée de nous lancer dans ce passage rapidement. Un peu comme au ski, l'aspect vertigineux de la pente se fait oublier (quand on n'a pas le vertige bien sûr) au profit d'un sentiment d'exaltation  dans l'attente d'une expérience ludique et sportive!

 Aux jumelles je scrute le versant opposé où quelques randonneurs entament une pente raide, difficile de voir le tracé du GR; Ce sera la surprise!

 Il est bien dommage qu’il y ait tout ce monde qui bloque l'accès rapide à la descente ( c'est un des défaut de faire le GR20 au mois d'août ), car on aurait bien eu envie d’enchaîner le passage des obstacles comme dans un parcours du combattant.  Mais bon, on ne fait pas toujours ce que l'on veut et il faut s'avoir composer, donc nous prenons sagement notre place dans la queue et la descente se fera à petits pas, en discutant avec les autres randonneurs , c’est aussi ça la randonnée.

Il est vrai qu’il faut avancer avec précaution, certains passages sont même un peu périlleux car il faut attraper franchement la chaîne et descendre à la force des bras, mais toujours sur des courtes distances - un ou deux pas à faire tout au plus avant de trouver une autre difficulté-. C’est là en général que certains restent coincés.

Mais très franchement par temps sec si l'on n'a pas le vertige, cela passe sans problème et l'exercice est d'ailleurs plutôt amusant dans un décor aussi grandiose!

 Ensuite les chaînes s’arrêtent, le GR est encore très pentu et notre progression devient lente en zigzagant dans un goulet pierreux. Il faut faire attention à ne pas se faire entraîner par la pente. Ensuite, le GR bifurque sur la gauche bien avant le fond du cirque, que l'on voit se muer au loin en un canyon abrupt et infranchissable. Puis il remonte en face par une belle pente qui aboutit rapidement à des rochers où une échelle d'environ 2 mètres de haut indique le début de la montée où les choses sérieuses reprennent...

 Il y a beaucoup moins de monde sur ce parcours et pas de file d'attente. Philippe l’intrépide est toujours en tête. Au sommet de l’échelle il faut attraper une chaîne qui court à perte de vue le long de la pente qui semble plus abrupte que la précédente.

Là non plus il n'y a pas trop de difficulté et nous empoignons la chaîne pour monter régulièrement à la force des bras, les pieds bien plaqués sur la paroi, en se concentrant car le vide est derrière et la montée, sans réel danger, demande un peu de précaution. La chaîne est fixée à la paroi tous les 5 mètres environ et elle est bien tendue ( nous conseillons d'avoir des gants pour les peaux sensibles), les chaussures adhèrent bien sur le rocher donc tout se passe bien.

Il faut passer quelques clous avant de se reposer, ce qui est possible régulièrement. En fait, en n'utilisant que la chaîne on contourne la plupart des difficultés et l’on grimpe vite.

Puis la chaîne s’arrête et il y a un passage plus délicat sur des dalles en pente (gare au vertige !), il faut faire une  traversée d’une dizaine de mètre en se tenant à des gratons sur une paroi rocheuse et abrupte…c'est le moment de ne pas se poser de question, le vide étant dans le dos, et de continuer. Enfin à un moment la dalle devient plus lisse et les gratons manquent un peu pour s'accrocher. Mais en faisant un grand pas  ça passe… ce n'est pas véritablement compliqué certes,  mais on se demande bien pourquoi il n’y a pas de chaîne ici car ce n’est tout de même pas sans danger !

 Nous arrivons en haut d’un petit col qui nous fait croire que l’ascension est terminée, Erreur. Il faudra encore monter bien plus haut parmi des rochers et franchir un pierrier, parfois en cherchant les marques du GR. Même si la pente se resserre et la direction devient de plus en plus évidente.

Cependant le paysage est grandiose et dédommage des efforts faits pour y parvenir. Delà, on voit le col du départ en face un peu sur la droite, qui a l’air bien raide et les randonneurs ont la taille de fourmis. Sur la paroi de gauche un piton rocheux gigantesque se dresse superbement au-dessus de nous avec le cirque en toile de fond, forçant notre humilité de petit homme face à la montagne…A photographier à satiété ! Dans la même direction mais bien au-delà vers l'horizon,  la mer s'engouffre entre les montagnes et luit de tous ses feux, c'est vraiment magnifique !

 Nous arrivons enfin au col, en sortie du cirque de la solitude. Le temps d’admirer une dernière fois le paysage, nous entamons la descente plutôt facile  vers le refuge. Un pierrier d'abord, puis une succession de dalles, Philippe part loin devant pendant que je prends quelques photos.

Le refuge que nous atteignons  en compagnie d’un groupe d’étudiants centraliens apparaît bien délaissé, nous ne faisons que passer à proximité notre destination étant les bergeries de Ballone, 30 minutes plus bas.

 Sur le chemin nous croisons de nouveau le « club des 5 » qui s’étaient arrêtés pour faire les lézards et profiter d’une vasque. L'idée est bonne et je me laisse tenter par un bain. Philippe ne veut pas, discute un peu avec eux puis décide de continuer pour réserver l’emplacement de la tente. Très sage initiative car à mon arrivée, 20 minutes plus tard, la plupart des bonnes places sont prises, car les bergeries sont très prisées par tous les randonneurs en été et les places sont chères. Philippe a choisi un endroit un peu à l’écart et tranquille, un peu en hauteur par rapport à la bergerie, au milieu des rochers où non loin coule un torrent ; On en oublierait presque les autres et la chaleur…

 La bergerie est en fait une authentique auberge qui sert à dîner le soir et n’a plus rien à voir avec une bergerie même pas un mouton dans les parages. Il y a même un dortoir aménagé dans une tente militaire, des douches et WC, etc… Le personnel est aimable et l’endroit est vraiment sympathique. Et il y a même la possibilité de prendre des consommations.

 Après le déjeuner nous nous approchons du torrent pour lire à l’ombre sur un rocher. L'eau limpide, bien trop tentante m'appelle encore à prendre un autre bain. Fraîche comme d’habitude mais supportable et m’épargnera la queue à la douche (sans shampoing) . J'en profite également pour  rincer mon T shirt et mon short que je laisse sécher au soleil. Bohême quoi!

 Le soir nous retrouvons beaucoup de têtes connues, en particulier la colonie de vacances France télécom est toujours là comme à chaque étape. Nous sommes un peu étonnés que la plupart des gens décident de bivouaquer ici, alors que le refuge officiel est plus haut; En fait, cette bergerie devenue une véritable auberge est,  paraît il, dans le guide lonely planet, alors pas étonnant dans ces conditions d'avoir autant de monde.

Il y a un vent frais ce soir là et nous renonçons vite à tenter l’allumer du camping Gaz. Autant profiter de cette bonne auberge qui nous tend les bras pour le dîner! Charcuterie Corse plus ragoût spaghetti et fruit pour 95 FF. Le personnel est un peu dépassé par la cohue et les évènements ( car il y a une coupure d’eau pendant un bon moment donc pas de cuisine possible). N’attendant pas autant de monde, ils restent toutefois toujours aimables et c'est dans une bonne ambiance que nous terminons la soirée.
 

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